Classement de l’Excellence : une petite institution et de grandes réalisations

Par le professeur Daniel Zajfman, président de l’Institut Weizmann des Sciences

Dwight “Ike” Eisenhower, le 34ème président des États-Unis, avait déclaré : “What counts is not necessarily the size of the dog in the fight—it’s the size of the fight in the dog” (« Ce qui importe dans la bataille, n’est pas tant la taille du chien que sa volonté de se battre »)

Nature, la principale revue scientifique mondiale multidisciplinaire et parmi les plus renommées, classe les instituts de recherche en fonction de leurs publications de haute qualité. L’Indice Nature est calculé sur la base du nombre d’articles scientifiques de haute qualité publiés chaque année dans plus de 80 revues de référence. Ainsi, les grandes institutions – avec leurs nombreux professeurs et laboratoires – ont un avantage clair sur les petites institutions, comme l’Institut Weizmann des Sciences. Selon le général Ike, ces grandes institutions sont comparables à « la taille du chien… ».

Pour la première fois, cette année, l’Indice Nature comportait également un « classement normalisé », mesurant le nombre d’articles de qualité publiés en proportion de la production totale de l’établissement dans le domaine des sciences naturelles. Cet indice neutralise ainsi la taille de l’établissement, en créant une mesure indépendante de sa taille. Ou, selon les termes du général Ike, « …sa volonté de se battre ».

Et les gagnants sont… eh bien, ce ne sont pas les Oscars, mais pour tous ceux, comme nous, qui vivent et respirent la science, c’est encore mieux : l’Institut Weizmann des Sciences se classe au troisième rang mondial dans le classement normalisé de l’Indice Nature 2019. En d’autres termes, notre taux de publications dans les meilleures revues scientifiques, comparé à notre production totale, est au 3ème rang mondial. Publier dans les meilleures revues implique un processus de contrôle par nos pairs très strict, réalisé par des collègues scientifiques du monde entier. Ainsi, la plupart des articles soumis sont rejetés. Et quand ils sont acceptés, c’est un sceau d’approbation et une affirmation de l’importance des résultats.

J’aime penser à ce résultat comme à une « excellence condensée » ou à un « accomplissement hors norme ». Nous jouons dans la cour des grands !

En réaction à cette nouvelle, le premier mot qui me vient à l’esprit est « merveilleux ». La deuxième chose que je dois dire est «ne faites jamais confiance à un simple indicateur ». Permettez-moi d’expliquer ces deux notions :

« Merveilleux » parce que c’est un exploit extraordinaire et un témoignage de la qualité de la recherche scientifique à l’Institut Weizmann des Sciences.

« Ne faites jamais confiance à un simple indicateur », car il est difficile de classer des « articles scientifiques de haute qualité » et d’en concevoir vraiment l’impact sur un délai aussi court. Cela peut prendre des années, parfois des décennies, pour réaliser la valeur et les conséquences d’une avancée particulière. Contrairement à ce que les mots « découverte » ou « avancée » impliquent, la réalité est que les découvertes et les avancées se produisent rarement via une seule publication. La Science a souvent un effet boule de neige.

Cependant, les recherches effectuées à l’Institut Weizmann ont été remarquées comme de la plus haute qualité au cours de nombreuses années par de nombreux indicateurs, tels la dernière enquête Nature et le Classement Leiden. Pour cette raison, je pense que nous pouvons être certains que nous avons agi dans le bon sens.

Le haut niveau des autres institutions qui suivent le même modèle – petit mais sérieux – est, je crois, un signe que notre recette est bonne. L’institut des sciences et de la technologie d’Autriche (IST Autriche), cofondé par le professeur Haim Harari, ancien président de l’Institut Weizmann, est délibérément inspiré du modèle Weizmann, ainsi que l’université de l’Okinawa Institute of Science and Technology (OIST) au Japon. Tous deux figurent dans le top 10 du classement normalisé. Le professeur Jonathan Dorfan, membre actif et dirigeant du comité consultatif scientifique et académique de l’Institut Weizmann, qui recevra un doctorat honoris causa en novembre, est président émérite de l’OIST. Le professeur Peter Gruss, également membre de notre conseil d’administration et ancien président de l’Institut Max Planck en Allemagne, est l’actuel président de l’OIST. L’Université Brandeis, qui fut dirigée par le président de notre conseil international, le professeur Jehuda Reinharz, figure également dans le top 10.

Comment en sommes-nous arrivés là ? Alors que nous célébrons cette année le 70ème anniversaire de la création de l’Institut Weizmann des Sciences, c’est un moment idéal pour adopter une perspective historique. La reconnaissance que nous sommes l’un des meilleurs instituts de recherche en sciences fondamentales dans le monde ne s’est pas faite du jour au lendemain. (Ce n’est pas une « percée »). C’est le fruit du travail acharné de nombreuses personnes qui se sont consacrées au progrès de la science pendant de nombreuses décennies. C’est le produit de scientifiques, d’étudiants et de collaborateurs exceptionnels, qui ont mis l’accent sur l’excellence, sans compromis. C’est le fruit du travail des membres du conseil d’administration et de nos soutiens, qui ont veillé sans relâche à ce que l’Institut obtienne tout ce dont il avait besoin et à ce que l’Institut reste fermement attaché à son objectif principal : être de niveau mondial. C’est le résultat net d’une machinerie complexe, comportant de nombreux composants.

En fin de compte, nos plus grandes réalisations sont le résultat de la force de notre engagement et de notre passion : nous croyons profondément au concept de « la science au service de l’humanité », nous savons que la science peut changer le monde et nous rêvons grand, sachant que malgré notre petite taille, nos réalisations peuvent être grandes. Merci à tous de votre concours.



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